Séance n°6 : Deux curieuses lettres

Objectif : Savoir reconnaître et utiliser les différents niveaux de langage selon la situation de communication

Dear Cathy, chère Beef,

Dear Cathy, chère Beef,

      C’est comme ça qu’on vous appelle, ici, en France, les Anglais : les Rosbeefs!

      Paraît que vous êtes des mecs très importants, que la moitié de la planète jacte votre foutue langue. Moi, je trouve que c’est pas une langue : dans chaque phrase, on bouffe la moitié des mots, dans chaque mot, les trois quarts des syllabes, et dans chaque syllabe les quatre cinquièmes des lettres. Reste tout jute de quoi cracher un télégramme.

      Douce Cathy, chère rosbeef, j’ai une grande ambition : être le seul à ne jamais parler anglais ! Alors, tu me diras, pourquoi cette bafouille ? A cause de ma mère. Un marché que j’ai passé avec elle. Je me suis fait avoir. Je suis obligé de respecter le contrat. Et puis mes affaires de famille te regardent pas, occupe-toi de tes oignons.

      Salut, chère correspondante. Au cas où t’aurais l’intention d’apprendre le Français avec mézigue, achète un gros dico. Le plus gros. Et t’accroche pas trop à la grammaire.

Kamo

      PS : Tu voudrais peut-être savoir pourquoi je t’ai choisi, toi ? L’agence a refilé à ma mère une liste de quinze blases. J’y ai lancé mon compas en fermant les mirettes, il s’est planté sur le tien : Earnshaw. En plein dans le E majuscule. T’as rien senti ?

 

Sale petite grenouille malade.

      Vous aimeriez sans doute que je continue sur ce ton ; je sens que cela vous plairait. Eh bien, non ! Je n’ai aucune envie de rire, ni aucune raison de vous amuser.

      Vous avez voulu faire l’original, monsieur Kamo (mon dieu que les garçons de mon âge  sont stupidement enfantins !), mais en laissant tomber votre compas sur mon nom, c’est dans le malheur que vous l’avez planté. […]

      Vous me demandez si j’en ai ressenti la blessure. Je l’ignore : le jour où vous avez planté ce compas dans le E majuscule des Earnshaw, j’étais occupée à une autre douleur. Ce jour-là, jour pour jour, mon père était mort depuis deux ans. Le même vent soufflait autour de la maison et rugissait dans la cheminée. (Un temps de tempête, à vrai dire, mais, bien que personne n’eût songé à allumer le feu, je ne ressentais pas le froid).

      J’ai lu votre lettre, assise au pied de son fauteuil vide. Vous pouvez juger de l’impression qu’elle m’a faite ! Pourtant, en vous lisant, c’est à moi-même que j’en ai voulu. Votre stupide lettre m’a rappelé que je parlais à mon père sur le même ton arrogant, opposant sans cesse mes petites volontés à son extrême fatigue, mon désir d’être drôle à son besoin de paix. Enfance imbécile, qui ne voit rien, qui ne sent rien, qui ne sait pas que l’on meurt ! Et, le dernier soir, comme j’étais assise à ses pieds, la tête sur ses genoux (cela m’arrivait parfois, pour me faire pardonner des bêtises que je referais pourtant le lendemain), juste avant qu’il ne s’endorme, il me caressa les cheveux et dit : « Pouquoi ne peux-tu toujours être une bonne fille, Cathy ? » Ce furent ses dernières paroles.[…]

      Je n’ai rien d’autre à vous dire. Vous avez envoyé cette lettre comme on jette une pierre par-dessus un mur : il est juste que vous sachiez où elle est tombée.

Ma réponse n’attend rien

CatherineEarnshaw

Questions

Emetteur et destinataire

Qui parle ? A qui ?Relève les termes qui désignent les deux personnages dans chaque lettre. Qu’en conclus-tu sur leurs relations ?

Relève des expressions qui montrent où est l’émetteur dans la 1ère lettre.

Quels renseignements nous donnent ces lettres sur les personnages qui écrivent ?

Les registres de langue.

En quoi cette lettre de Kamo pose-t-elle problème ?

Réécriture de la lettre en respectant la situation de communication.

Séance n°7