Séance n°1 : Sur les traces de Robinson Crusoë…
Support : Extrait de Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier.
Objectif : Repérer la description, voir comment cette dernière s’insère dans le récit, revoir l’opposition imparfait/passé simple
Lorsque
Robinson reprit connaissance, il était couché, la figure sur le sable. Une
vague déferla sur la grève mouillée et vint lui lécher les pieds. Il se
laissa rouler sur le dos. Des mouettes noires et blanches tournoyaient dans le
ciel redevenu bleu après la tempête. Robinson s’assit avec effort et
ressentit une vive douleur à l’épaule gauche. La plage était jonchée de
poissons morts, de coquillages brisés et d’algues noires rejetés par les
flots. A l’ouest, une falaise rocheuse s’avançait dans la mer et se
prolongeait par une chaîne de récifs. C’était là que se dressait la
silhouette de La Virginie avec ses mâts arrachés et ses cordages
flottant dans le vent.
Robinson
se leva et fit quelques pas. Il n’était pas blessé, mais son épaule
contusionnée continuait à lui faire mal. Comme le soleil commençait à brûler,
il se fit une sorte de bonnet en roulant de grandes feuilles qui croissaient au
bord du rivage. Puis il ramassa une branche pour s’en faire une canne et
s’enfonça dans la forêt.
Les
troncs des arbres abattus formaient avec les taillis et les lianes qui pendaient
des hautes branches un enchevêtrement difficile à percer, et souvent Robinson
devait ramper à quatre pattes pour pouvoir avancer. Il n’y avait pas un
bruit, et aucun animal ne se montrait. Aussi Robinson fut-il bien étonné en
apercevant à une centaine de pas la silhouette d’un bouc sauvage à poil très
long qui se dressait, immobile, et qui paraissait l’observer. Lâchant sa
canne trop légère, Robinson ramassa une grosse souche qui pouvait lui servir
de massue et l’abattit de toutes ses forces entre les cornes du bouc. La tête
tomba sur les genoux, puis bascula sur le flanc.
Après
plusieurs heures de marche laborieuse, Robinson arriva au pied d’un massif de
rochers entassés en désordre. Il, découvrit l’entrée d’une grotte,
ombragée par un cèdre géant ; mais il n’y fit que quelques pas, parce
qu’elle était trop profonde pour pouvoir être explorée ce jour-là. Il préféra
escalader les rochers, afin d’embrasser une vaste étendue du regard. C’est
ainsi, debout sur le sommet du plus haut rocher, qu’il constata que la mer
cernait de tous côtés la terre où il se trouvait et qu’aucune trace
d’habitation n’était visible : il était donc sur une île déserte.
Extrait de Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier
A la suite d’une terrible tempête, Robinson, à bord du navire La Virginie, vient de faire naufrage.
Il découvre une plage déserte, jonchée de coquillages écrasés, de poissons morts et d’algues, ainsi que l’épave du navire.
Il part explorer l’île et
s’enfonce dans la forêt. Il découvre l’entrée d’une grotte, escalade un
rocher, découvre qu’il a échoué sur une île déserte.
Les actions de Robinson sont au passé simple, car ce sont des actions ponctuelles, qui se succèdent.
D’ailleurs, les actions s’enchaînent logiquement, et sont dans un ordre qu’on ne peut pas changer.
Enfin, les événements se succèdent dans le temps, comme le montre l’emploi des CC de temps :
Lorsque Robinson reprit connaissance
Comme le soleil commençait à brûler
Après plusieurs heures de marche laborieuse
Où se trouve Robinson ? Relevez des mots appartenant au champ lexical correspondant
- la plage (l. 2 ; 3 à 4 ; 5 à 10) : sable, vague, mouettes, ciel ; poissons, coquillages, algues, falaise, récifs, la Virginie.
- la forêt (l ; 16 à 23) : troncs des arbres, taillis, lianes, branches,
- la grotte (l. 27-30), les rochers.
Dites à quels temps sont les verbes qui donnent ces indications de lieu
Les verbes sont à l’imparfait
L’endroit où se trouve Robinson est désert,
sauvage et inhospitalier.
On peut supprimer les passages à l’imparfait du texte ; ils sont là pour nous présenter les lieux, le cadre de l’histoire, mais ils ne font pas avancer l’action.
- La description de la plage permet de rappeler la violence de la tempête qu’a connue Robinson : poissons morts, coquillages brisés, etc. Cela montre aussi une île loin de l’image paradisiaque qu’on peut avoir, et donne un aspect inquiétant au lieu.
Les passages descriptifs succèdent aux passages narratifs, car Robinson se déplace dans l’île, arrive sans cesse dans de nouveaux lieux qu’il faut donc décrire et présenter au lecteur.
On appelle description un passage du texte qui cherche à faire voir au lecteur les lieux, les paysages de l’histoire…
![]() | Située au début du récit, la description permettra de construire le cadre de l’histoire (décor, atmosphère…) et d’en présenter les principaux personnages en annonçant leur rôle. |
![]() | Placée à l’intérieur du récit, la description peut : |
-Marquer une pause dans la narration et apporter des informations nécessaires à la compréhension des personnages et de l’action. Elle crée ainsi un effet d’attente.
-Une description peut servir à produire un effet sur le lecteur : la peur, le rire, l’inquiétude, la pitié…
Faire attention à l’emploi des temps ! Dans un texte au passé, le temps utilisé pour décrire est l’imparfait. Il s’oppose au passé simple qui sert à exprimer des actions.